5.1 - Rétrovirus humains - 2ème partie : HTLV
Découvert simultanément par l’équipe de R. GALLO et celle d’Y. HINUMA, l’HTLV-1 est un rétrovirus oncogène humain. Il tire son nom de son tropisme pour les lymphocytes T et de son implication dans deux processus malins : certaines leucémies lymphoïdes T de l’adulte et certains lymphomes à cellules T. Il s’agit dans les deux cas de lymphocytes T matures. Il est également responsable de la paraparésie spastique tropicale qui a des similarités cliniques avec la sclérose en plaques. Ces manifestations graves sont une complication non inéluctable de l’infection à HTLV-1 (1 à 5 % des cas seulement sur les 20 millions de sujets infectés par HTLV-1 dans le monde). Celle-ci sévit de façon endémique en Afrique intertropicale. Du fait du commerce maritime et de l’esclavage, elle s’est établie également dans le bassin des Caraïbes comme dans les provinces méridionales du Japon. Sa prévalence dans la Caraïbe est de 2 % (de l’ordre de 0,05 % en métropole). Il s’agit ici de l’HTLV type 1. Le type 2 est beaucoup plus restreint et concerne surtout les usagers de drogue partageant leur seringue ; son pouvoir pathogène chez l’homme n’est pas établi. Inoculé à des PBMC (peripheral blood mononuclear cells) de donneurs sains, l’HTLV-1 n’entraîne, au contraire de l’HIV, aucun ECP. En de telles cultures in vitro, l’HTLV-1 donne une prolifération des lymphocytes T CD4+ qui intègrent l’ADN proviral et produisent des antigènes viraux. L’HTLV-1, bien que doué de pouvoir oncogène, ne porte aucun oncogène ; le mécanisme des leucémies et lymphomes fait intervenir la protéine virale TAX, transactivateur équivalent de la protéine TAT de l’HIV. On admet que la protéine TAX stimule la production d’interleukine 2 ainsi que l’expression sur les lymphocytes T CD4+ du récepteur à l’IL2. Cette stimulation autocrine des lymphocytes T CD4+ aboutit, dans une minorité de cas seulement, à l’apparition du clone malin responsable de la leucémie ou du lymphome T. L’HTLV-1 est un mitogène T cause de lymphomes T, de même que l’EBV est un mitogène B cause de lymphomes B. Bien que la RT de l’HTLV-1 soit par nature aussi « infidèle » que la RT du HIV-1, la variabilité de l’HTLV-1 est très réduite (1 à 4 % de différence entre les souches d’HTLV-1 au niveau des nucléotides contre 30 % pour les souches d’HIV-1). C’est dû au fait que la transmission de l’HTLV-1 et son maintien dans la population se fait essentiellement par les cellules ayant intégré le cDNA, par mitose, et non par les particules virales extracellulaires. Dans les conditions naturelles, l’HTLV-1 connaît, comme l’HIV, une transmission materno-fœtale et par l’allaitement, ainsi qu’une transmission par les rapports sexuels, par transfusion sanguine et par partage de seringues (« les 3 S »). La transmission par le lait semble le principal vecteur. Une réduction de la prévalence est donc possible. Le diagnostic de l’infection à HTLV-1 ou -2 comporte différentes mesures : le criblage par ELISA est devenu systématique chez les candidats au don du sang, de sperme ou d’organe. Il est nécessaire de confirmer tout ELISA positif par un Western blot. On s’efforce de faire la différence entre 1 et 2. Les critères de positivité du Western blot sont la présence à la fois d’anticorps dirigés vers l’enveloppe (antigp 62/68 ou gp 46 ou gp21 pour respectivement le précurseur, la glycoprotéine de surface et la glycoprotéine transmembranaire) et d’anticorps dirigés vers les structures internes (anti p24 ou p19, pour respectivement le core et la matrice. La lecture du Western blot HTLV n’est pas toujours évidente de sorte que l’on peut être amené à pratiquer une PCR. L’isolement du virus est fastidieux et aléatoire, donc peu pratiqué. Une coculture de PBMC du patient et de PBMC de donneur sain, stimulés par la PHA est maintenue 8 semaines. On y recherche à partir de la 4e semaine, la présence de transcriptase inverse dans le surnageant ou bien une fluorescence spécifique à l’aide d’un anticorps monoclonal ou la transformation des PBMC qui se mettent alors à proliférer. Les difficultés du diagnostic sérologique comme de l’isolement viral renforce l’intérêt pour la PCR. Il existe des amorces spécifiques du type 1 et d’autres du type 2. La PCR se pratique sur les PBMC du patient dès leur prélèvement mais aussi après coculture avec PBMC des donneurs sains. Points importants : - l’HTLV-1 est un rétrovirus oncogène et neuropathogène
- cela chez quelques % seulement des personnes infectées
- il a une répartition géographique particulière
- c’est un mitogène T
- sa transmission se fait de cellule à cellule
- par les « 3 S » et surtout le lait
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